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Discriminées, invisibilisées, victimes de violences, sous payées : encore aujourd’hui les femmes subissent les conséquences d’un système patriarcal. Imaginons que l’égalité ne soit pas une simple promesse…

Texte – Fatima Ouassak

Illustration – Sacrée frangine

Et si nous reprenions le pouvoir qui nous a été confisqué ? Pour décider de notre sort. Être respectées dans notre dignité et être heureuses. Ne plus attendre.

Les féminicides, le nombre de mineures violées, la concentration des femmes racisées dans le tertiaire précaire, les inégalités salariales, la malbouffe dans les classes populaires, les taux de pollution près des échangeurs autoroutiers. Ne plus nous contenter de dénoncer ces chiffres et tant d’autres. Mais prendre le pouvoir.
S’auto-organiser, là où nous sommes, dans nos quartiers, et lutter ensemble. Pour sortir de l’isolement et quitter enfin le sentiment d’impuissance qui nous ronge jour après jour.
Se présenter aux élections. Les gagner et prendre le pouvoir local.
Quelle joie ce sera de manger de bonnes choses, de renouer avec la terre, avec nos spiritualités, avec nous-mêmes ! Être vivantes et respirer.

Et si nous retrouvions notre liberté de circuler ?
Respirer. Ne plus jamais être assignées à résidence dans des appartements toujours trop petits. Circuler librement dans l’espace public, de jour comme de nuit. Y prendre de la place, beaucoup de place. Y exister, y jouer, y rire. Y faire de la politique. Sans y être vidéosurveillées, traquées par des drones, quadrillées. Sans prendre le risque que nos enfants y soient tasés, gazés, agressés sexuellement, asphyxiés au sol sous le poids de trois gendarmes.
Quelle joie ce sera d’être libres et d’être chez nous dans l’espace commun !

Et si nous devenions des dragons ?
Par amour pour nos enfants, pour les protéger. Qui le fera, sinon ? Qui les protégera du système social qui les hiérarchise en fonction de leur classe, de leur sexe et de leur couleur de peau ? Qui les protégera contre tout ce qui les détruit ? Tout ce qui nous a nous-mêmes détruites lorsque nous étions enfants.
Quelle joie ce sera de voir nos enfants grandir curieux, confiants et heureux !

Et si nous inventions une parentalité joyeuse et émancipatrice ?
Lutter contre la reproduction sociale, casser cette fausse fatalité, par l’éducation et la transmission. Changer le monde à travers nos enfants. Nous avons ce pouvoir. Utilisons-le ! Pour faire un monde plus beau, plus égalitaire, plus respirable.
Racontons des histoires, nos histoires, glorieuses. Transmettons nos luttes. Transmettons aussi nos musiques, nos langues, nos contes.

Il était une fois un gentil dragon dont la fille Khadija avait été condamnée par le roi Kapitalist. Le roi tenta par mille moyens d’étouffer Khadija, mais le puissant dragon parvint à déjouer ses mauvais tours. Le roi Kapitalist fut vaincu, il s’éteignit dans le feu. Et Khadija put enfin sortir danser avec le vent.

Après un parcours en école de communication visuelle et plusieurs années à des postes de directrices artistiques au sein d’agences de design parisiennes, Aline et Célia, deux amies d’enfance, s’allient pour former le duo créatif Sacrée Frangine et créent ensemble des illustrations sensibles et colorées.

instagram.com/sacree_frangine

Fatima Ouassak est politologue, porte-parole du Front de mères, premier syndicat de parents d’élèves des quartiers populaires, et fondatrice du Réseau Classe/Genre/Race. Elle est l’auteure de La Puissance des mères, pour un nouveau sujet révolutionnaire, à paraître le 27 août 2020 aux éditions La Découverte.
(photo par Cyrille Choupas)

Pistes d’actions proposées par Alternatiba

  • Je suis une formation #NousToutes sur les violences faites aux femmes
  • J’appelle le 3919 si je suis témoin ou victime de violences faites aux femmes
  • Je rejoins un collectif et participe à des collages féministes
  • J’apprends l’écriture inclusive et l’utilise systématiquement
  • Je soutiens le collectif Front de Mères
  • Je relaie la parole des femmes vivant des discriminations multiples, par exemple via les collectifs Lallab, Mwasi, les Dévalideuses, Gras politique…
  • Je contribue à renforcer la visibilité des femmes sur Wikipedia avec le collectif les Sans Pages